Voltaire Micromegas
Avec Micromégas, Voltaire nous invite, à la suite de son héros extraterrestre, à parcourir les immensités de l’espace, à visiter avec fantaisie quelques planètes éloignées pour nous ramener bien vite sur notre bonne vieille Terre. Au cours de ce voyage merveilleux en même temps que philosophique, Voltaire a voulu nous faire réfléchir sur ses préoccupations essentielles d’alors.
Pour commencer, il convient de définir ce que l’on entend par raison pour mieux comprendre les intentions de l’auteur de Micromégas. Pour l’auteur de Micromégas, il s’agit de ce que nous appellerions le bon sens, cette propension à bien juger, à distinguer le vrai et le faux, à connaître le monde loin de tous les aveuglements qui ont nom imagination, passion ou folie. En premier lieu Voltaire s’est amusé à nous dépayser avec un conte fantastique qui nous entraîne loin de nos certitudes habituelles : il nous invite à un voyage cosmique. Le conte est d’abord un mélange étonnant d’astronomie, de réflexion philosophique, d’actualité politique, scientifique, littéraire, mondaine dont le désordre apparent et le caractère primesautier peuvent désarçonner le lecteur. Cette fantaisie, ce divertissement voltairien ne sont pas aussi gratuit et débridés qu’il pourrait y paraître à première vue. Voltaire dénonce d’abord les injustices : "faim, fatigue, intempérance", c’est-à-dire le mauvais usage du corps, l’irrationnelle distribution des travaux et des richesses, puis l’obscurantisme religieux fortement teinté d’intolérance. Ainsi Micromégas doit s’exiler par suite de publications savantes qui ont déplu au grand Muphti, traduisez à l’archevêque de Paris.
De plus nous sommes souvent victimes de notre imagination et n’avons que trop tendance à projeter nos préoccupations sur le monde extérieur. Non sans une malice gaillarde Voltaire fait croire au compagnon de Micromégas