La découverte de Marie

Marie avait un rhume si carabiné qu’il était hors de question qu’elle mette le nez dehors ; alors elle s’assit à la fenêtre de sa chambre et se mit à regarder la rue balayée par la pluie et le vent. Ils étaient encore là. Lui se tenait depuis un bon moment déjà au coin de la rue, sautillait sur place, se frottait les mains l’une contre l’autre et soufflait dessus pour se réchauffer, manifestement incapable de contenir sa colère plus le temps passait.
C’est alors qu’elle apparut, côté Nord cette fois, en courant car elle devait savoir qu’elle était en retard et qu’il en serait pour le moins fâché. Ils se parlèrent rapidement pendant deux à trois minutes tout au plus. Elle lui remit quelque chose de la taille d’une lettre épaisse, puis tourna les talons et repartit en courant par où elle était venue.
Il fourra l’objet en question dans la poche sans y jeter le moindre coup d’œil, traversa la rue d’un pas élégant et sortit de son champ de vision.
Le lendemain la même scène se répéta, sauf que, cette fois ci, elle apparut côté Sud et qu’elle était là avant lui. Le troisième jour elle apparut côté Ouest et ils atteignirent le coin de la rue en même temps.
Ce qui se produisit le dernier jour était complètement imprévu. Marie était debout à sa fenêtre, une infusion au citron à la main, et c’est avec horreur qu’elle vit la jeune femme apparaître en titubant coté Est, sans chapeau de pluie, les cheveux plaqués sur la tête, le visage livide. Dès qu’elle fut en face de l’homme, elle l’invectiva. Il la gifla avec force du plat de la main. Elle s’affaissa et resta inerte à même le sol.
Il se pencha, la toucha, leva la main, la regarda avec stupeur, puis se redressa précipitamment et prit ses jambes à son cou. Marie entendit le claquement effréné de ses semelles sur le trottoir s’éloigner et disparaître.
Marie choquée par la scène qui venait de se produire, se précipita vers son téléphone et appela la police. Elle retourna à sa fenêtre et vit