Voyelles - d'arthur rimbaud
« Voyelles »
1. Le texte du poème.
Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ; E, candeurs de vapeurs et des tentes,
Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, Suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -
2. Le commentaire linéaire du poème.
Recherche lexicale :
« latent » : en latin, « être caché » : qui ne se manifeste pas mais qui est susceptible de le faire à tout moment ; secret. Ex. : un conflit latent : qui couve, qui est sur le point d’éclater.
« bombinent » : néologisme créé sur le mot latin « bombus » qui signifie « bourdonnement des abeilles » : bourdonnement.
« candeur » : du latin « candor », la blancheur : qualité d’une personne pure et innocente.
« cruel » : en latin, « crudelis » a pour sens « cru » ou « qui aime le sang ».
« ombelle » : variété de petites fleurs groupées formant une coupole.
« pourpre » : couleur d’un rouge foncé ; étoffe de la même couleur, symbole de richesse et d’une haute dignité sociale.
« pénitent » : personne exclue des fidèles à cause de ses péchés ; personne qui se repent.
« viride » : du latin « uiridis » qui signifie « vert ». Néologisme rimbaldien.
« pâtis » : néologisme pour « prés ».
« strideurs » : bruits perçants et vibrants.
« oméga » : en grec, signifie « grand o » ; dernière lettre de l’alphabet grec qui note un « o » long ouvert ; dernier élément d’une