Wole soyinka
« Ta logique m'effraie, Mandela,
Ta logique m'effraie. Ces années
De rêve, de temps précipité
En visions d'espérance et de tâche à nouveau savourée,
L'appel, le rythme préparé
Pour exposé en supernovae autour d'un meilleur des mondes!
Puis l'immobilité. Le silence. Le monde renfermé autour
De ta réalité solitaire. Le rêve n'est-il que … rêves?
[…]
Ta patience n'est plus humaine, Mandela.
Jardines-tu? Te fais tu des amis
Des souris, des lézards ? Mesures-tu la croissance de l'herbe
Pour observer les pas posées du temps ?
Es-tu devenu expert en mots croisés ?
Jouerais-tu aux échecs ? Ah non ! La subversion
Rôde parmi les pièces. L'affrontement structuré de noirs et de blancs,
D'égale allure, de même rang ? L'égalité de l'échiquier ? Jamais!
Jamais sur Robben Island. Les dames? Ce serait pire.
Ce jeu n'a nul respect des classes, ni de l'univers ordonné
Des rois et et des serfs. Alors ? Le scrabble ?
[…]
Ta générosité me menace, Mandela, cette peau
De tambour tendu de ton cœur sur laquelle par millions
Nous dansons. Nous sommes, je le crains, des sangsues grasses
Accrochées à tes veines. Nos imprécisions quotidiennes
Émincent le tranchant vif de ton vouloir.
Nos compromis épuisent le plein de ton action:
À nourrir les ventres vides de vouloir d'un continent
Que restera-t-il de toi, Mandela? »
Ce texte écrit en 1988, est un hommage que rend l'auteur Wole Soyinka à Mandela. C'est aussi un moyen pour l'auteur de raconter, de parler de son propre emprisonnement. Il ne faut pas oublier quand 1967, il est emprisonné pendant 22 mois au Nigeria. Certes cette incarcération dure moins longtemps que celle de Mandela, qui lui a été en prison pendant 27 ans mais elle a profondément marqué l'auteur, comme le confirme son livre « Cet homme est mort », paru en 1972, suite à sa sortie de prison.
Dans ce poème, Wole Soyinka se confie. En effet, il met en parallèle sa propre vie et celle de