Zola, Nana
Dreyfus, est avant tout un romancier, auteur de la monumentale saga des Rougon–Macquart. Chef
de file du Naturalisme il s’est en effet consacré à un seul genre quasiment, le roman, et parmi ses
romans les plus célèbres, citons l’assommoir, Germinal ou encore Nana, dont nous étudions ici un
extrait.
Fille malheureuse de la non moins misérable Gervaise, Nana connaît une folle ascension avant de la
déchéance d’une courtisane, moquée par un Paris qu’elle avait cru conquérir.
Etudions ici comme l’extrait nous propose une héroïne pour le moins ambiguë. Pour cela,
observons d’abord la mise en valeur de ce personnage, puis analysons la vision critique du narrateur
vis-à-vis de ce personnage, tout à la fois héroïne et anti-héroïne, donc.
Dans un premier temps il s’agira de démontrer que tout est fait pour que le lecteur
soit obnubilé par Nana, seule à émerger de tout l’extrait.
Nana est mise en valeur par sa place à la fois première et récurrente dans l’extrait. Nommée
dès la phrase liminaire de l’extrait (deuxième mot de l’extrait, « Alors, Nana devint ... ») , elle est
régulièrement sujet des verbes (« Elle passait », « elle souriait », « elle donnait le ton », « elle
ajoutait ») .
Des adjectifs et termes laudatifs se rapportent à elle : («chic », « sa souveraine » qui renvoie
à elle ; « un air gai »). La pérennité du succès de Nana se lit à travers les imparfaits à valeur itérative
(ou autrement dit, à valeur de répétition), comme dans « quand elle passait » tandis que certaines
propositions jouent même sur l’ambivalence de la valeur du temps verbal, de sorte qu’on ne sait
plus si l’on a affaire à un imparfait à valeur itérative ou durative comme dans : « ses photographies
s’étalaient en vitrines). De toute façon, dans tous les cas Nana est visible, elle est remarquée et le
narrateur ne manque pas