zola
La Préface de Comment on se marie est l'expression la plus claire du souci constant qu'eut
Zola de l'éducation des filles. Lecteur de George Sand et de Michelet, il est convaincu de la nécessité d'instruire les filles hors des couvents ou de la « serre » du gynécée maternel, et de le faire sans censure, différant par là-même des positions plus timorées de Michelet. L'émancipation de la femme doit passer selon lui par une solide formation culturelle et scientifique qui la délivrera de l'influence pernicieuse des romans sentimentaux qui font des jeunes femmes les victimes désignées de la sensiblerie et de l'hystérie, comme Renée dans La Curée, Marie Pichon dans Pot-bouille,
Hélène Grandjean dans Une page d'amour. Ainsi voit-on Marie Pichon, enivrée de la lecture d'André de George Sand : « ...et, courbaturée, elle ne parla pas davantage du livre, si pleine de son émotion, des rêveries confuses de sa lecture, qu'elle suffoquait. Ses oreilles bourdonnaient, aux appels lointains du cor, dont sonnait le chasseur de ses romances, dans le bleu des amours idéales.
Puis, sans transition, elle dit qu'elle était allée le matin à Saint-Roch entendre la messe de neuf heures. Elle avait beaucoup pleuré, la religion remplaçait tout ».
Zola revendique pour la femme l'accès au savoir dont bénéficie l'homme. Dans L'argent,
Mme Caroline a lu philosophes et économistes, s'est passionnée pour le socialisme, le darwinisme, parle en outre quatre langues. Pauline, dans la Joie de vivre, lit des traités scientifiques et des livres de médecine qui lui permettent de comprendre le traumatisme qu'avait provoqué en elle les mutations physiologiques de la puberté, ce que nul n'avait jugé décent de lui expliquer.
L'aboutissement du modèle Zolien de l'éducation des filles se trouve dans Paris, où Marie reçoit une éducation moderne au lycée Fénelon, emblème des lycées pour filles ouverts à la suite du vote de la loi Camille Sée de 1880,