A qui obéit-on?
Fiche technique : A qui obéit-on ?
« La force est une puissance physique, je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plus un acte de prudence (...) Convenons donc que la force ne fait pas droit et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes ». Rousseau, Du contrat social, 1762.
*
A première vue, nous devons obéissance à nos parents, jusqu'à l’âge « adulte » qui est fixé par la loi. Nous obéissons également à une hiérarchie dans le cadre scolaire et/ou professionnel. Dans la sphère religieuse, il faut obéir à un Dieu. Enfin, nous devons obéissance à la loi et donc par extension à l’Etat qui dispose du monopole de la violence physique et légitime. Cependant, l’Etat ne peut imposer son obéissance par l’utilisation de cette violence physique, qui le cas échéant, entraine de facto une rupture avec sa légitimité. Ces réponses pragmatiques ne permettent qu’une progression limitée dans la réflexion. C’est pourquoi la question posée mérite d’être élargie. A quelles types de puissances obéissons nous ? Pour Rousseau, il convient d’obéir aux puissances légitimes. La légitimité est « la qualité de ce qui est fondé en droit, en justice ou en équité », c’est-à-dire ce qui apparaît comme justifié et normal pour une communauté.
Or, la théorie « contractualiste » repose sur l’idée selon laquelle nous obéissons et acceptons de renoncer à une partie de notre liberté au profit de la loi qui assure et garantit la pérennité du corps social. En ce sens, il ne s’agit donc pas d’une pure et simple obéissance. D’ailleurs, « Pour être esclave, il faut que quelqu'un désire dominer et (...) qu'un autre accepte de servir ». C’est la thèse de Etienne de la Boétie, dans le Discours de la servitude volontaire, dans laquelle il est question d’un rapport de « domination-servitude ». Le verbe obéir traduit le fait de se soumettre à la