A une passante, les fleurs du mal
Introduction:
"A une passante" fait partie de la section des "Fleurs du Mal" intitulée "Tableaux parisiens". Ce sonnet a été publié dans l'Artiste en 1860 et a été recueilli l'année suivante dans la seconde édition des "Fleurs du Mal". Le poète de la modernité se promène dans Paris et après avoir décrit "Les petites vieilles" et "Les aveugles", il relate une rencontre qui s'apparente à une scène romanesque. Comment Baudelaire rend-t-il singulier le topos de la rencontre amoureuse ? Nous mettrons en valeur de quelle façon le cadre spatio-temporel comme le cadre du sonnet révèle le bouleversement de la rencontre. Puis nous étudierons l'ambivalence de la femme inspiratrice et nous analyserons de quelle façon le locuteur met en scène la dualité de son inspiration.
I°) Le bouleversement de la rencontre
1°) Le poète face à lui-même et à la rue
Le poète nous présente un tableau parisien mais ce décor n'est pas réaliste, tout est décrit autour de la perception du locuteur comme le révèle très bien l'étude du vers 1 "La rue assourdissante autour de moi hurlait". Le poète commence son poème par une métonymie "La rue" qui contient aussi une personnification. "La rue ... hurlait" constitue un chiasme phonique, le sujet "La rue" se termine par le verbe intransitif "hurlait". Le sujet et le verbe séparé sont réunis par le même phonème (r) et (u), l'adjectif "assourdissante" se rapporte par la figure de style au poète et au lecteur par un hypallage (déplacement d'épithète). Ainsi au centre du poème se trouve le pronom personnel tonique "moi" qui est relié par le phonème (ou) à l'adjectif verbal "assourdissante".
"La rue assourdissante autour de moi hurlait" Le poète est comme encerclé par la rue.
Dès l'incipit, le poète se place au centre du tableau dans une rue introduite par le déterminant générique "la rue" qui peut se référer à n'importe quelle rue de Paris. Ce vers comporte des allitérations en (r) et des assonances en (u) et (ou) qui dans ce