François Charles Marie FOURIER
Jonathan Beecher mets 20 ans à produire une biographie « objective » de Charles Fourier, penseur lié, comme R. Owen et H. Saint-Simon, au mouvement socialiste utopiste, qui annonce le marxisme dans la première moitié du XXème siècle. Cet ouvrage avait pour but de simplifier l’œuvre de ce penseur, et de reconstruire son image qui oscillait trop souvent entre celle d’un « inventeur calomnié et celle d’un fou incompris ». Retrouver le théoricien socialiste parmi ses joyeux délires – comme les nombreuses classifications en tout genre – est en effet un processus ardu. Pourtant, non pas pendant sa vie, de 1772 à 1837, à sa mort, pendant les années 1940, et même encore aujourd’hui, Fourier sera très vite reconnu comme un théoricien politique révolutionnaire.
En quoi Fourier s’inscrit-il dans le mouvement de socialisme utopique du début du XXème siècle ?
Les idées Fouriériste s’insèrent dans le XIXème siècle (I), et forment une théorie originale (II) qui laissera un héritage certes important, mais tronqué, à la postérité socialiste (III).
I. Aux origines du Fouriérisme
A. Contexte historique et idéologique : l’après révolution et le socialisme utopique
La France a connu dans la première moitié du 19ème siècle, un foisonnement de doctrines et écoles socialistes qui permirent de la qualifier de « pays du socialisme » : bien que le capitalisme y soit encore embryonnaire, de nombreux facteurs concourent au développement d’une doctrine sociale.
La Révolution française bouleverse les structures économiques, sociales et politiques de la nation et initie une large vague de contestations. Des tendances égalitaires voient le jour, comme la remise en cause de la propriété au travers de la sécularisation des biens ecclésiastiques. Bien qu’on ne puisse encore parler de véritable classe ouvrière homogène et que la vie sociale et politique soit encore largement dominée par le conflit aristocratie-bourgeoisie, le mouvement ouvrier émerge et