Introduction+plan -texte d'ibn al-hakem
Lorsque Mu’awiya accède au califat en 661, le Proche-Orient et quasiment tous les territoires qui composaient l’empire sassanide sont passés sous domination arabe. Mais à l’ouest, l’autorité du califat ne dépasse guère Barqa. Stoppés dans leur avancée septentrionale par les chaînes du Taurus et du Caucase, les musulmans tournent leur regard vers le Maghreb, région encore largement insoumise peuplée de tribus berbères autrement plus difficiles à vaincre que les peuples sédentaires byzantins ou sassanides. La conquête de l’Afrique du Nord constitue un enjeu de taille en ce qu’elle offrirait une porte d’entrée sur la péninsule ibérique et une base stratégique pour des expéditions maritimes en Europe méditerranéenne. Au milieu des années 660, le général Uqba ibn Nafi est désigné pour mener des expéditions dans le Maghreb. L’Histoire de la conquête de l’Egypte, de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, rédigée par Ibn abd al-Hakam au milieu du IXe siècle, constitue l’un des premiers récits connus de la conquête arabe occidentale. Fils et frère de hauts fonctionnaires égyptiens sous le califat d’Abd al-Malik, al-Hakam écrit environ 200 ans après les événements. Ses chroniques, mêlant mythe et faits historiques, sont l’occasion de donner des héros à ses contemporains et souscrivent à l’idée que la réussite des conquêtes islamiques est la preuve de la préférence divine pour l’Islam, qui est son bras armé. L’extrait étudié relate la fondation de Kairouan en 670 par Uqba, suivie de sa destitution par un mawali nommé Abu l-Muhajr Dinar. Le texte invite à s’interroger sur les enjeux de la fondation de Kairouan et, dans une réflexion plus générale, sur l’aspect de la domination arabe sur les territoires conquis. Il s’agit tout d’abord de mettre en évidence l’idéologie du jihad dans laquelle réside la justification des conquêtes, puis d’expliciter les raisons de la création de Kairouan, ainsi que l’organisation administrative et sociale de