J'ai rêvé de toi
Je me promenais dans cette forêt humide et moite, ne sentant ni la chaleur ni le froid. Je suivais un petit sentier de terre sinueux dans cette forêt nue, sans un tronc. Il faisait nuit mais la lune, invisible pour moi, noyait les bois de sa lumière qui coulait au travers d’un épais feuillage. Il recouvrait la forêt comme un toit mouvant aux caprices du vent. Il y avait de toi dans la clarté lunaire qui éclairait mes pas. Il faisait nuit comme en plein jour, mais tu n’étais pas là.
J’avançais pas à pas, sans un bruit, on ne m’entendait pas. Un peu plus et, moi non plus, je n’aurais pas été là. Le toit au-dessus de moi grinçait gentiment de ce son que font les feuilles quand elles se caressent et qu’on ne les écoute pas, de ce son que prend parfois ta voix.
À gauche, à droite, en haut, en bas, de partout, donc, à la fois, sortaient le chant du loup, le cri du hibou et de tout ce qui ne dort pas la nuit. Partout, je n’entendais que toi qui n’étais pas là. Et, cherchant de mes yeux à gauche, à droite, en haut, en bas, partout, donc, à la fois, je ne distinguais ni loup, ni hibou, ni toi.
Je marchais seul mais à chaque pas avec toi.
J’avançais vers une destination certaine que je ne connaissais pas. Sans vraiment savoir pourquoi, j’allais sur ce chemin parce que, en moi, tout, peut-être toi, me criait que je le devais. Je marchais sans sentir mes jambes. Je ne volais pas, non. D’ailleurs, en baissant les yeux, je pouvais voir mes jambes aller et venir, comme deux balanciers insensibles. Je voyais mes pieds se poser sur le sol sec, épouser ses formes et éviter des flaques d’eau qui me renvoyaient le reflet de tes yeux, mais où tu n’étais pas. Et je ne sentais rien.
Il y avait comme un vide, comme un manque partout en moi, partout dans cette forêt, aussi, mais j’avançais.
Arrivé à une fourche sur le sentier, je me sentis pourtant