L'art du trading
L’art du trading
Préface de Jean-Paul Pollin
© Groupe Eyrolles, 2008 ISBN : 978-2-212-53915-8
Chapitre 1
L’analyse fondamentale est-elle encore pertinente ?
« Les économistes font rarement de bons spéculateurs, ils réfléchissent mal. »
Paul Krugman1
Le rapport de l’ancienne présidente de la SEC2, Laura S. Unger, a montré que près de 99 % des recommandations émises par les quelques 28 000 analystes financiers américains, juste avant le krach de mars de 2000, étaient « d’acheter ou de conserver » les titres. Lors d’une conférence, Michel Prada, le président de l’AMF, s’est interrogé en ces termes sur la versatilité des marchés :
« Comment les marchés financiers ont-ils pu se tromper aussi lourdement pour ensuite corriger aussi brutalement les engouements passés ? Ne sont-ils pas au meilleur niveau de l’efficience ? […] Les opérateurs sont de mieux en mieux formés ; les informations circulent à la vitesse de la lumière et peuvent être acquises aux meilleures conditions d’égalité d’accès et de coût. Comment, dès lors, ces opérateurs peuvent-ils passer successivement de l’excès d’enthousiasme à un excès de déprime et ce, sans réelle transition ? »
Pourtant, l’analyse dite « fondamentale »3 est encore considérée comme « l’approche de référence » et constitue souvent le principal outil d’aide à la décision de nombreux gérants de portefeuille, qui louent sa rigueur scientifique. Selon ses adeptes, elle permettrait de valoriser au mieux les principaux actifs financiers en calculant leur
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1. L’Amérique dérape, Flammarion, 2004. 2. Securities exchange commission, équivalent de l’Autorité des marchés financiers en France. 3. Le terme de « fondamentaliste » a été popularisé par les travaux de Frankel et Froot [1990] consacrés à la formation du taux de change, qui opposent « fondamentalistes » et « chartistes ».
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valeur fondamentale, également qualifiée de « valeur intrinsèque » ou « valeur réelle