L'environemment comme facteur de crise une analyse regulationniste
Maël Rolland, Sandrine Rousseau
Partie Introductive. Un défaut d'analyse : l'environnement oublié
L'objet de cet article est d'effectuer une analyse rétrospective des déterminants environnementaux de la crise du fordisme et de la crise actuelle. Poser la question en ces termes revient de fait à se positionner par rapport au corpus régulationniste, à son analyse du fordisme et de son entrée en crise. C'est en effet la théorie de la régulation qui le plus a cherché à comprendre les ressorts de cette entrée en crise et à en identifier les facteurs endogènes. Mais la lecture des travaux régulationnistes laisse, au lecteur intéressé par les questions environnementales, une impression de grande absence. La théorie de la régulation s'est en effet fondée sur l'hypothèse que ces facteurs ne relevaient justement pas du choc pétrolier mais qu'ils étaient à chercher du côté du rapport salarial, de la perte des gains de productivité, des conditions techniques de la production, de l'ouverture internationale et du changement de régime monétaire. Le choc pétrolier a d'emblée été considéré comme un changement d'ordre politique sans lien avec l'organisation de la production. La théorie de la régulation née dans les années soixante-dix a donc montré qu'un choc exogène au système capitaliste ne pouvait pas le faire entrer en crise si d'autres ressorts structurels n'étaient pas eux aussi en mutation.
Les faiblesses...
L'analyse et les conditions de survenue des crises a d'emblée une place particulière au sein des écrits régulationnistes. Mais lorsque R. Boyer évoque la possibilité de survenue de crises « externes », il le fait de la manière suivante : « En ce premier sens, on définit comme crise un épisode au cours duquel la poursuite de la reproduction économique d’une entité géographique donnée se trouve bloquée du fait soit de pénuries liées à des catastrophes naturelles ou climatiques, soit d’effondrements économiques qui trouvent leur origine sur un