L'imparfait
La complexité de l'écriture romanesque et l'impression d'un foisonnement des images de la misère qui en résulte reposent aussi sur le jeu subtil des points de vue, car le texte se construit sur un double regard. Gervaise, personnage principal du roman, est au cœur de la trame narrative et son point de vue guide la progression du texte. En effet, la première phrase de la page pose Gervaise en sujet et introduit sa perception de la misère qui va être évoquée: « Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle »; la suite développe le même thème, qui devient un leitmotiv. Plus loin, lorsqu'il s'agit d'amener le portrait du père Bru, le procédé est le même: « Mais la grande pitié de Gervaise était surtout le père Bru. » Cependant, si la misère est vue par les yeux de Gervaise (focalisation interne), le point de vue omniscient du romancier (récit non focalisé) nous permet d'entrer dans les pensées du personnage car il est bien souvent question des sentiments de Gervaise; nous la voyons souffrir pour les autres et éprouver de la compassion, de