L'action politique peut-elle être autre chose que la recherche du moindre mal ?
Goethe et Bonaparte, à l'occasion d'une rencontre fameuse, convinrent qu' avec les temps modernes la Politique -cette religion sociale / civile prenant la place de la Providence-, < s'était substituée à la tragédie >.
La tragédie de l'existence, de toute existence, individuelle ou collective...
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L'activité politique poursuit des fins variées.
1. Selon l'interprétation classique ( cf Julien Freund, L'essence du politique ), elle cherche à préserver la sécurité, les libertés, à favoriser la prospérité et l'intégrité territoriale d'une unité politique donnée selon les trois constantes relationnelles qui la définissent et que constituent, quels que soient les régimes ( les systèmes de distribution des pouvoirs ):
-le commandement et l'obéissance ( relation enveloppant les questions de l'autorité, de la souveraineté, de la légitimité des pouvoirs et du droit de révolte );
-le public et le privé ( relation dialectique de l'initiative individuelle et de l'intervention de l'Etat -quels que soient régimes, du totalitarisme à l'ultralibéralisme anarchiste ) ;
-l'ami / l'ennemi ( relation englobant le domaine de la concorde et de la discorde civiles ainsi que la sphère des relations internationales, des alliances, de la diplomatie, de la violence et de la guerre ).
Elle recevrait sa cohérence de ces buts vérifiables.
Empirisme éclairé, " organisateur " ( Maurras ) ou " scientifique" ( Saint-Simon, Renan, Idéologie contemporaine des Instituts d'études politiques ), modeste et conservatrive, accompagnant les mouvements sociologiques et les évolutions idéologiques, soucieuse des équilibres fragiles que composent les intérêts, les passions et les idées, elle se pense effectivement comme recherche du moindre mal, le plus petit dénominateur commun aux différentes parties.
Quoique toutefois les politiques, ayant à gérer les passions des masses, nourrissent eux