L'amour dans sarah kane
L'Individuation[1] du spectateur,
S'approprier sa vie à travers la figuration de l'amour
Manque de Sarah Kane
C Je voudrais vivre avec moi-même Sarah Kane[2]
l'amour est une réinvention de la vie. Réinventer l'amour c'est réinventer cette réinvention. Alain Badiou[3]
Les œuvres de Sarah Kane ont souvent été décriées pour leur violence apparente, sans porter attention au travail poétique et spirituel. A la sortie de Blasted en 1995 au Royal Court Theatre Upstairs, les critiques anglais n'ont pas hésité à fustiger sa première pièce de façon acerbe. Le journaliste du Daily Mail, Jack Tinker, dont elle utilisera l'homonyme dans Purifiés pour incarner un personnage sadique, se dit « totalement et absolument écœuré [...] par une pièce qui semble ne fixer aucune limite à l’indécence, et n’a cependant aucun message à transmettre en guise d’excuse.[4] »
Ces réactions, représentatives d'une volonté commune de donner perpétuellement du sens à une œuvre de façon rationnelle, en oublient l'aspect sensible, non pas la sensibilité compatissante, mais « sens » comme réception d'une sensation. S'attarder uniquement sur l'aspect superficiel de la violence serait négliger complètement la portée sensible de ses œuvres. La portée n'est pas représentative dans le but d'amener une réflexion rationnelle mais dans l'investissement personnel des affects justement délestés de leur charge objective.
En se penchant sur l'ensemble de ses textes, on voit que leurs fondements, aux antipode de la violence, arborent un amour inconditionnel en proie au désir, dont la violence ne soutient pas la férocité mais l'émotion intense, le besoin ardent de l'autre.
C'est à travers un partage d'intimité, d'un témoignage relevant de la confidence, sans pour autant lui attribuer une connotation autobiographique, qu'elle invite le spectateur à s'investir dans l'aventure de sa relation à l'autre et de l'autre.
Ses trois premières pièces s'inscrivent encore dans le