L'arnaque
L’Homme
Habile de nature, j’avais commencé mes affaires par quelque tour de « passe-passe ». Mais mon ambition toujours croissante m’avait vite poussé au niveau supérieur. De quelques arnaques simplistes, j’étais passé à la fabrication de faux chèques, me permettant ainsi de changer d’identité comme bon me semble. Un jour pilote de ligne, le lendemain architecte et le jour suivant, pourquoi pas paysagiste. Cela fonctionnait tant que le propriétaire de l’identité empruntée ne se rendait pas compte de mes prélèvements. Cela me laissait une confortable avance pour disparaître. Sans famille, sans nom, sans visage, sans connaissance si ce n’est l’inspecteur chargé d’enquêter sur moi auquel j’échappais depuis déjà près de six ans, mes chèques méconnaissables des vrais, il m’était aisé de glisser entre les mains de la justice. Mais cette aisance était déconcertante.
Alors, pour « pimenter » un peu le tout, j’étais entré dans la police, et avait réussi à travailler avec l’inspecteur Thomas Ward, chargé de l’enquête me concernant. Ralentir l’enquête aurait été un jeu tellement simple qu’il n’en valait pas la peine. Alors faire avancer l’enquête sur moi, jouer le rôle de l’enquêteur parallèlement à celui de l’arnaqueur était d’autant plus amusant. Voilà trois ans que je participe à l’enquête, et même en le mettant sur la piste, cet idiot d’inspecteur Ward n’est toujours pas remonté jusqu’à moi. Je me suis très vite lassé. J’ai alors décidé de violer une de mes règles d’or : faire des connaissances. Je m’étais imposé cette loi, car pour moi, les autres, c’est l’enfer. Les gens sont trop curieux, parlent trop, ou pas assez. Mais qu’importe, si cela me permettait de m’amuser encore un peu. J’ai donc fais la connaissance de diverses personnes. Aucune d’entre elles ne m’apportaient un intérêt particulier, aucune d’entre elles ne me permettait de me distraire. Tout ces gens, banals, qui mènent une vie