L'art de raisonner se réduit à une langue bien faite
Anaïs
S'interrogeant, dans son Traité des sensations de 1754 sur la relation entre le raisonnement de l'homme et les outils dont il possède pour l'établir, Etienne de Condillac affirme que « L'art de raisonner se réduit à une langue bien faite. ». Il se propose donc de nous rappeler l'importance d'un outil linguistique bien fait. Mais cette citation pose une première question: qu'est-ce qu'une langue bien faite? Un nombre important de philosophes se sont attachés à étudier la linguistique et ses limites. Beaucoup convergent pour dire que la langue est un outil utile, complexe mais qui reste malgré tout imparfait de par sa non-transparence. Est-ce un désavantage? Les avis à ce sujet diffèrent et nous y reviendrons. Quant au raisonnement, il est un des principal moyen pour l'homme de prouver son existence à lui-même mais aussi aux autres. Comme Descartes nous le disait: « Je pense donc je suis ». Le terme 'raisonnement' tout comme celui de 'langue' peut se prêter à différents sens. En fonction des différentes acceptions, nous remarquerons diverses interprétations possibles de la citation de Condillac. Ainsi, nous aborderons le souci d'une communication réussie dans le domaine de l'enseignement, la nécessité des mots pour concrétiser les pensées, les limites et les inconvénients des règles langagières, l'inexistence d'une langue bien faite et pour finir, l'intervention, entre autres, des sciences en tant que langues dans le raisonnement.
Tout d'abord, personne ne peut nier que chacun d'entre nous apprend à raisonner, c'est-à-dire à juger, connaître, comprendre, grâce à la communication et donc grâce à la langue. Effectivement, nous tirons généralement nos savoirs et nos connaissances de ceux d'autrui. Mais ceux-ci ne pourront être transmis d'une personne à l'autre que si les deux individus se comprennent. Pour cela, une langue bien faite, c'est-à-dire fluide et la plus