l'autre et nous
Introduction
A la fin du XVIe siècle, le monde est encore pour bonne partie une terre inconnue, et c’est au fil des découvertes toutes récentes qu’il se dévoile et se fait rencontrer les cultures des différentes sociétés. Montaigne, philosophe et homme de culture, prône une autre réflexion. Noble d’Aquitaine, maire de Bordeaux, ce penseur se distingue par son aversion pour la violence et pour sa défense de la tolérance. Il reproche aux européens leur violence et leur soif inextinguible de conquête. Dans Les Essais, sa seule œuvre, sa thèse est que les peuples récemment découverts ne sont pas des sauvages : « il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation. » (l.1). Il nie d’emblée de suite cette proposition en s’opposant à une idée commune en personnalisant son propos « je trouve », « mon propos » (l.1). Ce faisant, il réfute déjà la thèse adverse implicite selon laquelle les indiens seraient des barbares et des sauvages.
Axe I / Le sauvage n’est pas celui que l’on croit
Montaigne formule sa thèse en réfutant les mots « barbare » et « sauvage », si « barbare » marque ce qui n’est pas communément dans notre usage. Montaigne dénonce ici un point de vue autocentré qui nous pousse à croire comme parfaites et seules véritables « les opinions et usances du pays où nous sommes. » (l.4) .Il poursuit son raisonnement avec un argument par analogie, souligné par l’emploi de « de même que » (l.6). On les appelle « sauvages » de même que nous nommons ainsi les fruits. Il y a ici une première définition du mot : ce qui est sauvage est ce qui est à l’état de nature, ce qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme, il faudrait qualifier de sauvages les fruits que nous (européens) avons altérés par la greffe, alors qu’ils étaient plus beaux à l’état naturel. Donc, il ne faut pas considérer que les hommes naturels sont sauvages ou barbares, plus loin même, ces mots devraient au contraire être