L'encre et le sang
Dominique Kalifa est un historien, maître de conférence de l’université Paris-I. Il est spécialisé dans les questions de culture, de médias et d’imaginaire social au XIXème siècle en France. Dans cet ouvrage, il entreprend de décrypter et d’analyser un phénomène très caractéristique de la Belle Epoque en France : l’essor fulgurant des récits de crime. A travers une description historique et statistique, il tente de montrer comment, sous différentes formes, le récit de crime vit son apogée durant cette période puis d’analyser ce phénomène d’un œil d’historien. Son approche du sujet tend à démontrer que si les crimes et leurs récits sont bien liés par essence, leurs évolutions respectives durant cette période émanent de deux logiques bien distinctes l’une de l’autre. Cependant, le lecteur réalise très vite que les enjeux de cet essor du récit de crime sont nombreux et multiformes. Cette fascination pour le crime est avant tout un phénomène qui met en jeu une société en pleine mutation. Il semble alors pertinent de tenter de décrypter cette analyse historique de la société à travers une lecture critique du phénomène.
A le lecture de l’ouvrage, on peut cependant être amené à se poser une question transversale : l’imaginaire du crime a-t-il à cette époque un rôle socio-politique qui justifie cet essor des récits criminels ?
Afin de répondre à cette question nous tenterons dans un premier temps d’analyser les enjeux et les aspects sociaux de la fascination pour le crime durant la période. Dans un second temps, notre but sera d’analyser l’intérêt des instrumentalisations socio-politiques de l’imaginaire du crime à la Belle Epoque.
I. Les enjeux et les aspects sociaux de la fascination pour le crime
L’essor des récits de crime et la fascination des Français pour celui-ci témoignent de l’importance que prend le crime dans la société de la Belle Epoque. Analysons les aspects et les enjeux sociaux de