L'esclavage
Modernité et esclavage semblent a priori incompatibles. L'esclavage, que l'on peut définir comme l'asservissement d'une personne à une autre, est une forme archaïque d'organisation sociale. En France, l'esclavage a été définitivement aboli le 27 avril 1848. Cela signifie t-il pour autant qu'il appartient au passé? La France d'aujourd'hui est fière de sa position avant-gardiste en matière de droits de l'homme, et du niveau de vie élevé de sa population. Pourtant de nombreuses voix s'élèvent pour y dénoncer des situations d'esclavage. Quelles sont les caractéristiques de cet « esclavage moderne », et comment s'organise sa répression?
I- L'esclavage moderne Caractériser l'esclavage moderne, c'est d'abord le définir, et déterminer ensuite qui est concerné. Une première approche en matière de définition consiste à comparer « esclavage classique » et « esclavage moderne » : L'esclavage classique, consistait dans le trafic d'êtres humains à grande ampleur. Ces vastes réseaux, à travers lesquels des peuples entiers ont été déportés, constituaient l'assise de l'économie mondiale. L'esclave était une personne non libre. Son statut était celui d'une chose : un bien, une marchandise, un instrument économique pouvant être vendu ou acheté. Il est certain que l'esclavage classique a de nombreuses réminiscences contemporaines. Il est difficile de donner une définition claire de ce qu'est l'esclavage moderne, car les formes d'asservissement sont très diverses. On relève quatre critères essentiels : Il y a d'abord le travail forcé sous la menace de sévices corporels ou psychologiques. Ensuite, on constate entre l'esclave et son « employeur » une relation de propriété ou de quasi-propriété : la menace de sévices maintient l'esclave dans cette relation de dépendance. Troisièmement, on relève une déshumanisation de l'esclave qui n'est plus traité comme un être humain, mais comme une marchandise :