L'etat

2665 mots 11 pages
2. L’Etat de droit et les limites du pouvoir.
Si l’exigence morale doit s’effacer devant les moyens nécessaires aux fins politiques, la question de savoir si la fin doit toujours justifier les moyens se pose. Encore faut-il que la fin soit légitime. Et même à admettre que la seule fin possible de la politique soit la préservation de la communauté, ne peut-on soupçonner un pouvoir d’être en position de vouloir éventuellement d’autres fins ?

a) La raison d’Etat et le droit de révolte.
L’expression de raison d’Etat est employée lorsque c’est l’Etat lui-même, dans la nécessité et la légitimité de son existence et de sa conservation, qui justifie ses propres actes : c’est le signe que la raison d’un acte ne doit plus être cherchée dans une moralité devenue extérieure, mais au sein même des exigences inhérentes à l’Etat. Du point de vue de l’éthique de la responsabilité, la moralité d’une action s’évalue aux effets de cette action sur une fin légitime. Si la raison d’Etat se présente comme une exception, elle ne représente finalement rien d’autre que l’adoption ponctuelle de cette éthique de responsabilité comme exception à une attitude qui privilégie de façon générale l’éthique de conviction.

Mais si l’éthique de responsabilité prévaut toujours, alors l’immoralité ou le secret des moyens mis en œuvre dans l’action ne relève plus de l’exception, mais de l’habitude, du mode normal d’action, même dans les cas qui ne requièrent pas nécessairement le recours à des moyens exceptionnels ou inavouables. La culture du secret s’impose alors aux institutions publiques. Il existerait donc une logique intrinsèque au pouvoir, qui tend à l’abstraire de toute référence morale, l’enfermant dans le seul but de l’efficacité. Le pouvoir de l’Etat relève alors d’une technocratie qui se donne comme fin en soi. Mais aucune efficacité d’aucun pouvoir n’offre de garantie sur les fins de ce pouvoir : c’est donc l’ambiguïté même de la notion de pouvoir qui se trouve mise en cause.

Si

en relation