L'exil, l'épreuve et le défi
Patrice Deramaix
Crise du droit d'asile, crise de la démocratie
En juin 1985, plusieurs pays de la communauté européenne - la France, l'Allemagne, le Bénélux - établissent une convention, à Schengen, sur l'abolition graduelle des frontières internes. En 1990 sont signés les arrêtés d'application qui régissent la libre circulation des personnes et des biens à l'intérieur de l'espace communautaire, et définissent les modalités de l'octroi des visas, de l'accueil des réfugiés politiques et de l'immigration. Ces premiers signataires sont rejoints rapidement par l'Italie, l'Espagne, le Portugal, et la Grèce. Conçus pour permettre la suppression des contrôles de personnes aux frontières communes, les accords de Schengen déterminent les mesures à prendre en matière judiciaire. Ils définissent les modalités de traitement des demandes d'asile et de la poursuite transfrontalière, en particulier à l'égard des migrants "clandestins". En clair, Schengen ouvre l'espace intérieur européen mais renforce et coordonne les contrôles frontaliers externes. Cette évolution de la CEE vers l'unification politique n'est pas sans conséquence sur la politique migratoire et sur le droit d'asile. L'Europe, affirme-t-on dans les cercles du pouvoir, est confrontée à l'explosion des demandes d'asile et doit faire face aux flux migratoires qui, incontrôlés, risqueraient de déborder largement les besoins de main-d'oeuvre migrante, et de saturer, d'une manière ou de l'autre, les systèmes de sécurité sociale. De plus, les hommes politiques se voient confrontés à l'exacerbation de la xénophobie se manifestant par l'activisme d'extrême-droite.
Se situant aux alentours de 18 millions, le nombre de réfugiés dans le monde témoigne de la multiplication de la violence sociale et politique mettant en péril la sécurité et les droits fondamentaux d'une fraction de plus en plus large de l'humanité. Aux répressions politiques s'ajoutent les conséquences des guerres