L'extermination des juifs et des tziganes
Introduction
1. Jusqu’aux années 60, les historiens et même l’opinion s’intéressent peu au génocide des Juifs. Ce silence peut s’expliquer par le traumatisme subi et la volonté des Juifs de faire oublier leur spécificité pour être mieux intégrés et par l’incapacité des Européens à entendre cette insoutenable vérité. Dans les années 60, la communauté juive américaine s’empare du sujet. Cela pour plusieurs raisons: le procès de Eichmann à Jérusalem en 1961, le besoin de conforter l’identité juive face à la sécularisation de la société, les questions posées par les Juifs de la 3ème génération, le conflit israélo-palestinien et le spectre de la disparition d’Israël, le développement d’un culte mondial de la victime (multiplication des discours et des actes de pardon). Aujourd’hui, la question du génocide des Juifs fait l’objet de nombreuses publications et de multiples commémorations. Le génocide occupe une grande place dans la mémoire collective des Juifs et des Européens. L’écriture de son histoire est rendue difficile par les enjeux de mémoire qui l’agitent: chaque communauté veut écrire l’histoire qui répond le mieux à ses intérêts.
L’année 2005 (60 ans de la libération du camp d’Auschwitz)a été aussi l’occasion de revenir sur le génocide et de relancer la recherche historique. Cette année-là, l’ONU a décidé la mise en place d’une journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste (27 janvier). A Paris, le mémorial de la Shoah a été construit. On s’est en effet rendu compte que l’histoire de la déportation était surtout écrite à partir de témoignages de rescapés des camps de concentration. Ces survivants sont des résistants. Mais peu de Juifs ont témoigné de leur expérience car peu sont revenus. Il semblait donc nécessaire de redonner la parole aux victimes juives de la déportation et de montrer la spécificité des camps d’extermination.
2. Génocide: terme galvaudé,