L'homme est-il un animal comme les autres ?
« Volver » de Pedro Almodovar
Deux ans après le tortueux et masculin La Mauvaise éducation, Pedro Almodovar revient avec Volver, long-métrage en compétition à Cannes et presque exclusivement consacré à ce qu’il parait ici absurde d’appeler le "sexe faible". Soutenu par un quatuor d’actrices toutes exceptionnelles, Volver est une œuvre limpide et apaisée, renouant avec les grandes obsessions du maître ibérique.
La mère
Almodovar est un cinéaste homosexuel, ce qui n’est pas toujours confortable, car cette étiquette s’accompagne vite de préjugés. Le cinéaste se voit du coup coller un certain nombre d’étiquettes, ambigües en ce sens qu’elles peuvent être à la fois élogieuses et dépréciatives. En voici quelques-unes : original, excentrique, provocateur… Ces préjugés, Almodovar les a devancés, en plaçant d’entrée de jeu son œuvre cinématographique dans ces registres. Du coup, on n’a plus vu en lui que le cinéaste.
Il est un autre poncif qui colle à la peau des homosexuels et qui concerne le rapport à la mère : tous auraient un problème avec leur mère et auraient du mal à s’en libérer. Notez bien que le beauf du coin qui ne jure que par sa mère, qui méprise toutes les autres femmes, et qui nous abreuve de ses « Toutes des p… sauf ma mère » n’est pas accusé de nous envahir avec sa mère. Mais l’artiste homosexuel, lui, court ce risque. Almodovar, quand il s’est senti assez reconnu pour avancer sans risque sur ce terrain difficile a décidé de se confronter au sujet avec Tout sur ma mère.
Et il persiste avec Volver : celle qui revient, c’est la mère, Irène. Celle qui domine le film de sa présence (sa fille, Raimunda) est aussi une mère. Les mères ont un rapport très intime à la mort : elles donnent la mort, ou bien l’accompagnent. . Elles ne quittent jamais vraiment les vivants, elles disparaissent, réapparaissent et accomplissent ainsi un processus cyclique qui va de la vie à la mort et à la renaissance.
Les femmes de Volver
Les cinq actrices de