L'homme n'agit t'il que par intérêt?
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L'homme est un être de désirs et de passions, qui accorde sa préférence à lui-même plutôt qu'à autrui. C'est pourquoi il agit toujours de manière intéressée. Même s'il accomplit une bonne action, c'est dans l'espoir d'un certain gain. Mais, s'il est utile pour chacun de nous et pour les autres, d'agir conformément à la morale, il ne s'ensuit pas que l'on n'agisse que par intérêt. Ce que l'on juge préférable n'est pas un pur calcul égoïste. Aussi, la plupart de ces théories ramènent-elles l'intérêt social à une simple somme d'intérêts privés, supposés harmoniques entre eux. Il y a là une méconnaissance de faits sociologiques certains : d'abord, qu'un tout - et notamment un groupe social - est autre chose que la somme de ses parties; et, d'autre part, qu'une société comporte toujours une pluralité de groupes dont les intérêts, de même d'ailleurs que les intérêts individuels, peuvent être souvent en conflit. 3° Le critère de l'intérêt devient ainsi purement formel. Il ne nous indique pas quel est le groupe dont l'intérêt devra passer avant celui des autres et déterminera la moralité de l'acte. Ce n'est qu'à condition de valoriser l'intérêt de tel ou tel groupe qu'on peut le privilégier par rapport aux autres. Mais il est évident que le principe de cette valorisation ne peut être emprunté à la simple considération des intérêts, puisque ces intérêts peuvent être antagonistes. Cette considération est même incapable de nous fournir une mesure de la valeur morale, tout principe de hiérarchisation entre les intérêts des divers groupes faisant défaut si l'on n'introduit pas un jugement de valeur. 4° Il est même inexact de prétendre que la moralité s'est développée par suite de considérations utilitaires. Il n'y a là que des justifications après coup et qui sont, comme nous l'avons dit, fonction d'une mentalité très évoluée, propre aux sociétés du XIXe siècle. L'origine des règles morales est ailleurs, dans un état d'esprit mystico-religieux tout à fait étranger aux