l'hypothèse de l'inconscient contredit-elle l'exigence morale ?
Depuis toujours, l’Homme accorde une grande importance à l’exigence morale, c’est-à-dire à la capacité de discerner le bien fondé de chaque pensée et de chaque action grâce à sa conscience, grâce à sa raison. Cette capacité lui permet de choisir librement ses actes et l’empêche de faire tout ce qu’il voudrait faire selon ses seules passions. L’Homme donne de la valeur à cette loi intérieure, qui lui rend en retour l’image de sa propre valeur. A l’aube du XXIème siècle et du IIIème millénaire, Sigmund Freud publie l’Interprétation des Rêves (en 1900) dans lequel émerge l’hypothèse de l’inconscient, qui va bouleverser les idées cartésiennes qui avaient jusqu’alors foisonné, et qui va permettre d’amener une toute nouvelle pensée moderne – si bien qu’aujourd'hui l’inconscient apparaît plus comme un lieu commun que comme une hypothèse. Qu’est-ce donc que l’inconscient ? Pour Freud, cela désigne une partie de l’esprit qui échappe totalement à la conscience, quelque soit les efforts de la réflexion pour l’atteindre. Il s’agirait d’une réalité vécue qui, à la suite d’une histoire individuelle, refuserait de se dévoiler. Pourquoi est-il une hypothèse ? Car il découle de la méthode psychanalytique, à la fois théorie et pratique qui ne permet pas d’en prouver le caractère véritablement scientifique. Or, l’hypothèse de cet inconscient engendre un doute concernant la liberté de choix que permet l’exigence morale. Ce que l’on pensait vouloir, aimer, fuir, serait alors déterminé par des raisons inconscientes qui nous échappent. Est-ce que je fais le bien ou le mal parce que je le veux ? Comment se considérer responsable d’actes ou pensées que l’on n’aurait pas consciemment choisis ? Est-ce que je suis vertueux ou vicieux parce que je l’ai décidé ou parce que mon histoire personnelle et psychologique me conduit malgré moi à faire ceci ou cela ? Quelle importance accorder à l’hypothèse de l’inconscient