L'identité et son double chez calderon
D'abord, il est intéressant de regarder, comment le personnage de Rosaura, la première à se présenter sur scène, confirme cette dualité fondamentale de l'oeuvre qui fait de la pièce un répétitif va-et-vient entre réalité et tromperie. Manifestement, Rosaura incarne l'idée du double en présentant la coexistence de deux genres ; l'un véritable est dissimulé, l'autre trompeur est apparence. Elle présente une identité masquée ; sa féminité volontairement travestie, elle personnifie en quelque sorte la coexistence du véridique et du leurre. La question est nécessairement tourmentante : la vie est-elle une illusion en tout et pour tout qui constamment nous sépare de la reconnaissance d'une vérité voilée ?
L'habit d'homme que Rosaura revêt confond Sigismond dès les premières pages de l'oeuvre. C'est cette fausse apparence qui permet à ce dernier de s'identifier profondément à Rosaure : « Ta voix m'attendrit, ta présence me surprend, ta voix m'impose et me trouble.» [2] Ces deux derniers personnages, de par leur réalité masculine, s'exposent comme des êtres