L'interet psychologique de "la condidtion humaine" d'andré malraux
Il reste que son roman est dominé par une polyphonie : celle des six personnages principaux qui, il faut le remarquer, sont tous des hommes. Bien que représentants d'attitudes, ils sont vivement caractérisés et acquièrent dans notre imagination un relief très ferme. Le seul trait qu'ils aient en commun est l'intelligence, la lucidité et la culture ; Gide a d'ailleurs dit à Malraux : « Il n'y a pas d'imbéciles dans vos romans ». Mais ils se différencient parce qu'ils représentent chacun un aspect de Malraux qui les habite tous, qui s'affronte donc à lui-même, parce qu’ils ont des nationalités diverses qui leur donnent un caractère d'universalité (Gisors et Clappique sont français, Kyo est un métis franco-japonais, May est allemande, Katow est russe, Hemmelrich est belge, Tchen est chinois), parce qu’ils appartiennent à diverses classes sociales (autre caractère d'universalité). Ils se différencient surtout par leur variété psychologique (opposition entre l'amour authentique de Kyo pour sa femme et celui égoïste et sensuel de Ferral pour sa maîtresse ; opposition entre la gravité du vieux Gisors et la bouffonnerie de Clappique).
Ils se différencient surtout dans la mesure où ils s'opposent et incarnent des vérités inconciliables. Ils appartiennent à des étapes différentes de la formation humaine ; il y a alors entre eux la distance qui sépare celui qui a subi l'épreuve et celui qui ne l'a