L'interprétation transgénérationnelle du mythe d'oedipe de thierry gaillard
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Les contes et les mythes n’ont pas besoin de raconter des histoires vraies pour nous parler de la vie et nous sensibiliser à ses lois invisibles. Ils adressent leurs messages symboliques autant à notre conscience qu’aux régions les plus inconscientes et profondes de notre être. En surface, ils stimulent notre imagination alors qu’en profondeur, ils alimentent notre dialogue avec la vie et participent à l’orientation de nos destins.
Depuis plus de deux mille ans, toujours énigmatique, le mythe d'Œdipe interpelle les esprits. Il aura inspiré des peintures, des opéras, des écrits, des films, et un nombre incalculable de mises en scènes théâtrales. La plus connue des interprétations du mythe est celle de Freud. En 1924, avec son fameux Complexe d’Œdipe, il découvre une problématique qui deviendra centrale en psychanalyse. Mais l’œuvre de Sophocle n’avait pas livré tous ses secrets. En nous référant aux connaissances des anciens sur les héritages transmis d’une génération à l’autre, l’interprétation transgénérationnelle éclaire le mythe sous un nouveau jour, plus fidèle à la culture de l’époque et plus enrichissant. Cette relecture du mythe prolonge l’analyse de l’aliénation œdipienne, non pas seulement aux parents, mais également aux grands-parents et à leurs aïeux. Il aura fallu intégrer l’histoire de cinq générations et se souvenir de Cadmos, le fondateur de Thèbes et pour comprendre de nombreux aspects du mythe jusqu’ici restés invisibles.
Œdipe-roi et Œdipe à Colone, deux pièces pour un mythe
Que raconte le mythe ? Dans sa quête de vérité sur l’origine de ses cauchemars et de ses angoisses, Œdipe découvre que ses parents sont Laïos et Jocaste, roi et reine de Thèbes, et non pas ceux qui prétendaient l’être, Pélops et Mérope, roi et reine de Corinthe. Ces derniers avaient en effet gardé le silence sur son adoption. En reconstituant la trame de son histoire, Œdipe