L'intimidation
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Intimidation à l’école
L’ÉTAU de LA PEUR
L’intimidation entre élèves est peut-être le sujet de l’heure, mais on arrive encore mal à comprendre le phénomène. Pourquoi toute cette souffrance dans nos écoles et comment la calmer ?
24 . RND Novembre-décembre 2011
Par Brigitte Trudel
ENTREVUE
Maria-Guadalupe Rincón-Robichaud a fait de ces questions son cheval de bataille. Dans L’enfant souffre-douleur*, livre publié en 2003 (Montréal, Éditions de l’Homme), la psychologue à la Commission scolaire des Premières-Seigneuries depuis 20 ans décortique le problème et propose des solutions pratiques.
* L’ouvrage, réécrit par l’auteure en espagnol, est paru aux Éditions Trillas en février 2011.
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Photos : Yan Doublet
L’entrée au secondaire de Daphné* aurait pu mal tourner. Après quelques semaines, des élèves de son groupe se sont mis sur son dos. Moqueries, sobriquets : « Ça m’énervait. Je leur ai dit d’arrêter, mais ça n’a pas marché. » Daphné s’est rapidement confiée à sa mère. Sophie connaissait le phénomène de l’intimidation à titre d’enseignante, mais aussi sur le plan personnel. Elle avait été souffredouleur dans son enfance. « Je savais qu’un branle-bas de combat risquait d’empirer la situation. J’ai plutôt songé aux outils dont j’aurais eu besoin quand j’ai vécu la même situation. » Elle et sa fille ont convenu d’un plan. Daphné a demandé à une professeure – également sa tutrice – la permission de passer un « petit message » en classe. Avec son appui, et bien qu’elle soit un peu timide, Daphné s’est adressée à ses tourmenteurs en les désignant : « Je les ai nommés, toi, toi, toi en leur disant comment ils me faisaient sentir. Et que je voulais que ça arrête. » Les railleries n’ont pas recommencé. Maria Rincón-Robichaud voit plusieurs éléments positifs dans cette démarche (voir la seconde partie du texte, p. 28-29). « Malheureusement, module-t-elle, les choses ne se
* Les prénoms sont fictifs