L'invitation au voyage
Introduction : Baudelaire construit ce poème comme un chant, un appel au partage. De manière réaliste, il associe ses besoins personnels à l’amour d’une femme (ici Marie Daubrun qu’il a rencontré en 1847). Cependant, le lecteur s’aperçoit vite que le voyage dont parle le poète n’est qu’un rêve, une sorte d’utopie qui illustre le mot idéal de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal. [LECTURE A VOIX HAUTE]. Pour répondre à votre question, je vais mettre en valeur dans un premier temps la création d’un monde imaginaire, puis nous nous intéresserons à l’image du couple que Baudelaire souhaite transmettre.
PREMIER AXE : LA CREATION D’UN MONDE IMAGINAIRE
Le poème est tout d’abord original par son rythme qui rompt avec les vers pairs habituels chez Baudelaire (seuls 3 poèmes sont composés de vers impairs dans le recueil). La succession des pentasyllabes et des heptasyllabes créé un balancement discret qui a pour but de créer un équilibre, d’évoquer la sérénité. La présence d’un refrain fixe avec insistance, par la reprise de 5 substantifs, 5 mots clé, la vision d’un monde idyllique. Il s’agit donc d’une chanson, mais aussi d’une prière (le terme « invitation » peut signifier un mouvement de l’âme vers une élévation, un bonheur). Pour appréhender le monde dont rêve Baudelaire, il convient d’en concevoir les caractéristiques. J’en ai personnellement vu 5 : 1. Ce monde est un monde de l’ailleurs. Au vers 3, l’indéfini « là-bas » signale une destination lointaine, hors des vicissitudes de la vie quotidienne à Paris. Cette idée est reprise, dans le refrain, par le premier mot : « là » qui insiste implicitement sur le changement de perspective (il n’y a aucun « ici » dans le poème). Cet ailleurs se signale aussi par la position du regardeur, frappante dans la dernière strophe : le mouvement d’élévation créé une gradation ascendante visuelle très frappante : canaux / champs