L'islame et le statut de la femme
Entretien avec Ghaleb Bencheikhlundi 15 novembre 2004, par Karima Goulmamine
Pour Ghaleb Bencheikh, les passages du Coran « durs » contre la femme, concernant l’héritage, la polygamie ou le voile, sont obsolètes. Il n’y a, en matière de Code civil, aucune raison de se référer au Coran, affirme-t-il, dénonçant « ces façons de plier le religieux aux considérations politiques ». Le penseur considère que « le XXIe siècle sera féminin ou ne sera pas ». Et en appelle à d’autres relations hommes-femmes, de portée universelle.
Peut-on vouloir imposer un statut de la femme, lui fixer une place dans la société, des droits et des devoirs, en invoquant le Coran ou la charia ? La question est au coeur de la bataille ouverte en Algérie sur la révision du Code de la famille, instaurée il y a vingt ans sous la pression des islamistes. Elle est aussi présente dans bien des débats, de ce côté-ci de la Méditerranée, en particulier à propos du port du voile. Physicien, docteur ès sciences, Ghaleb Bencheikh est un spécialiste de l’islam. Vice-président de la conférence mondiale des religions pour la paix, auteur de plusieurs ouvrages (1), il anime l’émission Connaissance de l’islam, le dimanche matin, sur France 2. Dans l’entretien qu’il a accordé à l’Humanité, avec beaucoup de pédagogie, de conviction, et dans un esprit profondément humaniste, il répond aux arguments des islamistes. Bien au-delà de la question féminine, il pourfend la tentative, au coeur de l’islamisme, de « plier le religieux pour des considérations politiques ». Le projet de réforme du Code de la famille en Algérie a déclenché une vive confrontation politique. Alors que les partisans du projet s’en défendent, les partis islamistes attaquent en affirmant qu’il contrevient aux textes sacrés de l’islam.
Mais peut-on trouver dans le Coran des prescriptions correspondant à un Code de la famille, ou un statut de la femme ?
Ghaleb Bencheikh. Les islamistes sont les partisans de l’«