L'oubli est-il la condition de l'existence ?
Commencez par vous demander pourquoi on vous pose la question afin de déterminer le problème du sujet. On considère spontanément que l’oubli est une faiblesse. En effet, l’oubli se définit d’abord négativement comme le fait de ne plus se souvenir. On entraîne alors généralement sa mémoire pour ne pas oublier et vous pouvez simplement remarquer que l’apprentissage lui-même suppose un minimum de mémoire. Celui qui ne se souviendrait jamais de rien, qui serait sans mémoire serait peut-être incapable d’agir. Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses de Bergson sur la mémoire qui sont indiquées plus bas, mais vous pouvez également lire la pièce de Anouilh , Un voyageur sans bagage. Pourtant, l’existence ne suppose-t-elle pas une certaine dose d’oubli ? En effet, vous pouvez vous demander ce que serait la vie d’une personne qui se souvient de tout. Ici, nous vous recommandons la lecture d’une nouvelle de Borges que vous trouverez dans son recueil Fictions et qui s’intitule Funes ou la mémoire. Il nous raconte alors l’histoire d’un individu dont la mémoire ne ferait aucun tri, d’un individu qui n’oubli rien. Il lui fait alors dire la chose suivante : « J’ai à moi seul plus de souvenirs que n’en peuvent avoir eu tous les hommes depuis que le monde est monde. Mes rêves sont comme votre veille. Ma mémoire, monsieur, est comme un tas d’ordure. » ; Dès lors, vous pouvez vous demander si l’oubli n’est pas une condition de l’existence ou si, pour le dire en d’autres termes, il n’y a pas une vertu de l’oubli. Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses de Nietzsche au début des Secondes considérations inactuelles, texte dans lequel il aborde notre rapport à l’histoire et la nécessité de ne pas courber l’échine devant le passé. Il montre ainsi dans l’extrait indiqué au bas de cette réponse que l’oubli est sans doute une condition du bonheur. Toutefois, n’y a-t-il pas des éléments dont il est nécessaire de se souvenir ? N’y a-t-il pas