L'école malgré la republique
L’École en son essence
L’École n’est pas une institution destinée à promouvoir des « valeurs » mais à faire exister des principes ; c’est vrai aussi de l’École dite « républicaine ». En effet, les valeurs sont des idéaux susceptibles d’une définition assez vague ; elles sont souvent tenues pour des suppléments idéologiques. Par exemple, il est tout à fait possible d’exiger une professionnalisation des études – exigence qui nuit à la mission fondamentale de l’École – tout en débitant, l’air débonnaire, le bon vieux discours des valeurs. Le souci de ces dernières peut fort bien voisiner avec l’abandon des principes. Tandis que, à l’inverse, l’établissement et le maintien des principes emportent avec eux la conservation des valeurs.
Quels sont donc ces principes fondamentaux, sans lesquels il n’y a pas d’École ? À vrai dire, avant même de répondre à cette question, une remarque s’impose, qui concerne l’adjectif : « républicaine ». L’École est-elle par essence républicaine ou bien peut-on penser une École qui répondrait à des principes suffisamment conformes à son essence sans pour autant être républicaine ? Il n’appartient pas à son essence d’être républicaine. Certes, si elle remplit correctement sa mission, elle contribue d’une manière éminente à l’existence et au maintien d’un régime politique républicain ; mais c’est un effet secondaire et qui relève de l’heureuse surprise. Comme dans la cure psychanalytique où la guérison vient par surcroît, le républicanisme est un cadeau offert par l’École. La République a nécessairement besoin de l’École, mais l’École n’a pas besoin de la République avec la même nécessité.
Cela tient à son essence. Qu’est-ce donc que l’École ? Elle est l’institution qui a pour mission de transmettre entre les générations les savoirs existants et cela afin que chaque homme puisse développer ses possibilités d’être humaines, y compris celles qui sont indifférentes aux finalités républicaines (non pas hostiles