l'écriture poétique est-elle apte à convaincre le lecteur
1778 mots
8 pages
La poésie a longtemps été considérée comme le genre le plus noble de la littérature parce qu’elle était considérée d’essence divine. Aujourd’hui, elle est essentiellement associée à l’expression de sentiments et au lyrisme amoureux, mais dans l’Histoire, elle a parfois servi à défendre des causes et des idées, comme en témoigne le fait qu’elle ait souvent été mise en musique et donné lieu à des hymnes facilement repris en chœur tels les hymnes nationaux des différents pays qui en fédèrent les membres. Cependant l’on peut s’interroger sur l’efficacité argumentative de la poésie par rapport au discours, qui est plus communément utilisé, quand on cherche à convaincre un interlocuteur ou un opposant. L’écriture poétique est-elle apte à convaincre le lecteur et à susciter son engagement, ou brouille-t-elle le message, comme le pense Sartre ? La poésie peut-elle faire réagir le lecteur, se révèle-t-elle capable de défendre une thèse efficacement ? Nous verrons dans une première partie que la poésie ne peut pas défendre une thèse efficacement comme le montre le philosophe Sartre. Puis, dans une seconde partie, nous montrerons que l’on peut faire réagir le lecteur et qu’ainsi la poésie serait capable de défendre une thèse efficacement. La poésie n’a pas pour principal objectif de défendre une cause car avant tout elle cherche la beauté. Plus que la clarté du message, ce sont l’originalité de ses images et de ses suggestions qui en font l’attrait et l’on peut considérer comme Sartre qu’elle « brouille » parfois ce qu’elle cherche à exprimer car elle s’adresse aux sens et au cœur du lecteur plus qu’à son intellect et à sa raison. La recherche formelle prime sur le sens à transmettre ainsi dans beaucoup de poèmes, même à visée argumentative, les contraintes du vers et de la rime vont perturber la syntaxe et l’ordre des mots habituels comme on peut le constater dans cet extrait de « Mélancholia », poème des Contemplations, dans lequel Hugo s’insurge contre le travail des