L'écriture réaliste
Le pire, c’est que, la plupart du temps, l’artiste ne tire de son inconscient que des erreurs et des mensonges.
Car il n’en tire que ce qu’on y a mis, et s’il l’en tire de façon inconsciente, il y a été mis généralement de façon très consciente.
Les partisans de la théorie de l’inconscient font observer triomphalement que l’art ne « supporte pas le calcul », qu’il ne peut pas être fabriqué à l’établi, mécaniquement. Pure lapalissade : toute pensée authentique contient un élément de jeu, elle est tissée de liens multiples, elle est émotionnelle, elle glisse, elle va vite.
Elle implique effectivement une multitude d’opérations inconscientes.
Mais ce n’est pas là ce qu’entendent nos théoriciens du « retour à l’inconscient ». Ils déconseillent brutalement d’user de la raison et renvoient au riche trésor du savoir inconscient, qui doit être obligatoirement plus riche que la pauvre petite poignée de savoir conscient qu’ils ont eux-mêmes organisée.
C’est la vieille thèse des curés, qui s’adresse aux mal nourris (lesquels, par contre, nourrissent les curés) : leur père les nourrit toujours, même s’ils ne pensent pas ou justement parce qu’ils ne pensent pas. La science elle-même, d’ailleurs, a éprouvé l’ « horreur sacrée » à des époques où elle n’était pas encore la science selon sa propre définition actuelle.
On a des témoignages écrits de cette horreur chez les premiers anatomistes ; bien que ne craignant plus Dieu depuis longtemps, longtemps après ils eurent à craindre la police.
Il ne fait plus guère de doute qu’il existe comme des crises de production chez des artistes, en liaison avec des efforts scientifiques. De nos jours, des poètes lyriques ont désappris le chant après