L'amitié
J'étais dans le train qui me ramenait de Genève, assis en première classe en face d'un homme assez âgé. Je lisais un roman de Maupassant et l'octogénaire m'interrompit de la manière la plus polie qu'il soit.
- Excusez moi jeune homme, mais je vois que vous lisez Maupassant, vous aimez beaucoup cet auteur ?
- Oui, énormément. Il arrive à décrire la nature humaine telle qu'elle est, mauvaise et sournoise.
- Alors, laissez moi vous conter une histoire qui m'est arrivé et qui pourrait sembler être l'une de ses nouvelles.
« A l'époque, j'habitais Reims et j'avais deux amis qui habitaient à deux rues de chez moi. Ils étaient toujours ensembles, quoi qu'ils fassent. Vous en connaissiez un, vous connaissiez l'autre forcément. Ils s'appelaient Arthur et Bernard. Dès que l'un allait mal l'autre savait toujours quoi faire pour lui remonter le moral, tous les soirs ils étaient soit chez l'un, soit chez l'autre pour boire leur bouteille de vin. Rouge, blanc, rosé, grand millésime ou piquette, qu'importe pourvu que l'autre soit là. Leur seul malheur est qu'ils ne trouvaient pas de femmes à marier. Tous deux étaient aussi timide et avaient du mal avec la gente féminine.
Depuis que je fus marié, ils me demandaient de leur présenter des femmes car je dois avouer que de ce coté ci je n'avais pas le même problème qu'eux.
Donc il fut convenu que nous allions tous les trois rejoindre des amies. Et ils furent heureux, ils parlèrent tant bien que mal avec ces filles. Et au bout d'un mois, le miracle se produisit. Bernard avait trouvé chaussure à son pied. Oh, il était si heureux qu'il me remercia de tout son cœur .
L'on dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres, mais cela fonctionne aussi dans l'autre sens. Eh oui, Arthur était maintenant seul. Bien sur au début il fut heureux pour son ami mais totalement coupé de sa compagnie. La fiancée de Bernard était possessive au possible, ce qui fit qu'on ne le vit presque plus, voir même plus du