L'argumentation dans les univers intime des auteurs
Pour Hugo la mission de l’art est bien de « réveiller le peuple », c’est-à-dire de le sortir de la torpeur où le maintiennent le mensonge, la propagande, la peur, la lâcheté, la compromission, la facilité, l’art officiel. La poésie doit éduquer, éveiller les consciences. Pourtant réveiller suppose un éveil préalable. Victor Hugo laisse entendre, dans sa formule, qu’il existerait une conscience populaire parfois assoupie. Dans La Légende des siècles, il a explicité cette intuition : les « pauvres gens » sont tout à la fois courageux, généreux, solidaires. De même, dans Les Misérables, il nous expose les trésors de bonté, de conscience et d’altruisme dans l’âme populaire lorsque la pression sociale et l’injustice ne désespèrent pas les pauvres et les simples. Le rôle du poète ou de l’écrivain est bien de révéler, puis de réveiller ces richesses enfouies.
Le sujet nous demande explicitement d’élargir la réflexion au-delà de la poésie aux écrivains et même aux artistes : musiciens, peintres, cinéastes, de nos jours les chanteurs se devraient d’avoir une conscience politique. Examinons si la peinture, la musique, le cinéma ou la chanson recèlent de telles œuvres. En peinture, nous pouvons citer Goya et son Tres de Mayo, Goya, qui avait la guerre et la violence en horreur, voulut avec cette toile commémorer l’exécution des suspects de l’insurrection du 3 mai 1808 contre l’occupation napoléonienne en Espagne. Désirant se faire le témoin de ces massacres, l’artiste choisit de montrer sur chaque visage la réaction de chacun face à la mort. Jouant du contraste des couleurs, il a volontairement accentué le caractère dramatique de la scène, qui compte, au même titre que les Scènes des massacres de Scio ou La Liberté guidant le peuple de Delacroix, parmi les grands exemples du romantisme et de son combat pour la liberté, durant toute