L'Avare
Malgré cet aspect réaliste, Boris Vian dissimule des éléments d’un univers fantastique notamment grâce aux objets prenant vie par l’intermédiaire de procédés d’écriture comme la personnification de l’étagère « il prit à l’étagère » au lieu de « sur l’étagère » comme si l’étagère était en possession de l’objet ou encore du peigne « le peigne divisa » et des comédons « ils rentrèrent sous la peau » comme s’ils avaient été capables d’effectuer cette action par eux-mêmes. On mentionnera aussi la phrase suivante : « en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l’aide d’une fourchette dans de la confiture d’abricots » avec l’imbrication de plusieurs thèmes formant alors une métaphore n’ayant aucun sens. Enfin, cet incipit marque une rupture avec le roman traditionnel car le personnage n’est pas placé dans un cadre spatio-temporel précis, il n’y a aucune datation, ni aucun détail quant à la précision du lieu.
Enfin, cet incipit permet à Boris Vian de faire une critique de la société superficielle marquée par un vide existentiel et une absence de spiritualité observée chez Colin dans les expressions suivantes : « le reste du temps il dormait » et « le nom de Colin lui convenait à peu près » mais aussi par son attitude narcissique. De plus, l’auteur insiste sur l’importance des plaisirs de la vie placés comme but existentiel (cf.