L'embryon est-il une personne humaine ?
Professeur émérite à l’Université catholique de Louvain,
Président du Comité consultatif de Bioéthique
Introduction
La question de la dignité que nous devons reconnaître à l’embryon ( 1) humain est difficile, les enjeux scientifiques et économiques qui y sont liés étant considérables. De nombreux progrès dans le domaine de l’infertilité ont été acquis et continueront d’être acquis par des recherches qui, à un moment donné, ont concerné des embryons humains. Dans l’avenir on espère des cellules souches, dont les embryons sont une des sources possibles, qu’elles permettront de régénérer divers organes adultes malades. L’embryon offre également un des accès possibles à la génétique et, par là, à la guérison de maladies héréditaires, voire à la réalisation de médicaments entièrement neufs. Toutes ces perspectives, même si elles restent aujourd’hui encore largement aléatoires, engendrent d’innombrables pressions visant à considérer l’embryon humain, dans la mesure où il serait destiné à la recherche, comme un banal matériel biologique.
Contre ces pressions s’élève la voix de ceux qui voient d’abord dans cet embryon une vie humaine commençante, à protéger avec d’autant plus de soin qu’elle est plus fragile. A défaut, pensent-ils, nos sociétés régresseraient gravement quant au respect, qu’elles défendent par ailleurs, de toute vie humaine. Pour être moins immédiatement matériel, cet enjeu ne pèse pas moins lourd que les précédents. Le respect de tout humain est une valeur qui fonde la vie sociale et nous protège tous. Il n’existe que signifié par des règles exigeantes et rigoureuses qui, toutes ensemble, en créent la réalité et la perception par tous. A leur apporter des exceptions, ne risque-
(1) Selon un usage fréquent, nous réserverons le terme ‘ embryon ’ aux quatorze premiers jours du développement, et de ‘ foetus ’ au-delà de cette période. Cette distinction peut varier selon les auteurs.
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Rev. trim. dr. h.