l'homme doit etre dominé
(Commencer par noter qu'il existe des textes plus ou moins marqués historiquement; en l'occurrence, on a affaire ici à un texte qui l'est très peu ce qui signifie qu'il aurait très bien pu être écrit hier comme il y a 2400 ans; de fait, Kant est un penseur de la fin du XVIIIème et incarne, en Allemagne l'esprit des Lumières qui se répand en Europe. Le texte prétend donc énoncer quelque chose d'universel qui vaudrait pour toutes les sociétés humaines possibles; on peut déjà soupçonner que cette prétention méritera d'être questionnée. Ne cède-t-il pas au défaut classique de l'ethnocentrisme en projetant sur l'humanité entière des traits caractéristiques de sa propre ère de civilisation? Le thème du texte est politique et peut se formuler dans la question suivante: est-il possible aux hommes de fonder socialement un ordre juste? La réponse que le texte donne semble consister en une aporie: il n'y a pas de solution; de quelque façon qu'on s'y prenne, ceux à qui est remis le pouvoir auront toujours tendance à en abuser. La même raison qui fait que les hommes ont besoin de chefs fait aussi que ces chefs abuseront de leur pouvoir. Le texte a donc à caractère aporétique(de aporie=impasse théorique) qu'il était indispensable d'apercevoir pour poser le problème: les injustices sont bien présentes dans la société et il semble impossible qu'il puisse y en aller autrement.
L'argumentation du texte est construite en deux temps.
a)Kant établit d'abord la nécessité pour les hommes d'avoir un maître; autrement dit, ce qu'il soutient, dans un premier temps, c'est que toute société humaine ne peut exister que suivant une structure hiérarchique qui répartit les hommes en gouvernants et gouvernés. Ici, les plus avisés remarqueront déjà qu'il y a un présupposé qui pourra être discuté: l'idéal démocratique tel que l'antiquité grecque l'invente ne repose-t-il pas sur le refus de cette hiérarchie et sur le principe que chacun est apte à être, tour à tour, gouvernant