L'invitation au voyage
I) Un paysage mental et mythique A) Un pays de synthèse: une construction de l’esprit Le pays imaginé par Baudelaire est fait de savants mélanges.
- Ce serait un amalgame des lieux entre l’Orient et l’Occident : « l’Orient de notre Occident, la Chine de l’Europe […] une Chine occidentale ».
- Il serait le contraire du froid et du Nord mais « noyé dans les brumes de notreNord » et ce serait « une maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froidesmisères ». Il est clair alors qu’il s’agit d’une rêverie immobile (« que je rêve de visiter »): être ailleurs sans bouger d’endroit, une construction mentale qui s’appuie sur l’alliance des contraires comme le chaud et le froid.
- C’est aussi un composé de sensations essentiellement gustatives, olfactives et tactiles : « chaude fantaisie […] la vie grasse et douce à respirer […] où la cuisine est grasse et excitante ». Curieusement les sons ne sont pas évoqués et même exclus de manière insistante : « où le bonheur est marié au silence ». La vue est à peine évoquée : « noyé dans les brumes […] le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ». « Les brumes » et le verbe « se mirer » appliqué à des termes abstraits renvoient à du flou et à un effet de miroir entre le réel et le rêvé.
B) Un paysage mythique : le pays de Cocagne - C’est dès la première phrase un pays qui relève du mythe, à cause du pronom impersonnel « il » qui rappelle le « il était une fois » des contes de fées et par l’évocation du « pays de Cocagne »: « Il est un pays superbe, un pays de Cocagne ». Le pays de Cocagne fait référence à une sorte de paradis d’abondance et de délices, un âge d’or mythique.
- « La fantaisie » (du latin phantasia : fantôme, apparition) y règne : « la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donnée carrière […] où la fantaisie a bâti et décoré … ». Cette fantaisie est le pouvoir de l’imagination mais une imagination dirigée qui refuse « le désordre,