l'urbanisation
Pratiques et enjeux des acteurs d’une production foncière publique :
Ennasr II (Tunis), un territoire négocié ?
Hend Ben Othman
INTRODUCTION
Le Grand Tunis a connu d’importantes mutations urbaines depuis l’indépendance du pays, en 1956.
Dans les années 1970, dans le cadre du redéploiement des politiques urbaines (M.!Chabbi, 2005, p.!72) et suite à la définition d’une nouvelle politique de l’habitat1, de vastes zones ont été ouvertes à l’urbanisation en périphérie, tant au nord qu’au sud du Grand Tunis (M.!Chabbi, 1997, p.!258). Cette phase a été suivie par l’émergence de nouvelles centralités, principalement dans les nouveaux quartiers investis par les couches sociales les plus aisées, tels que les Manar I et II, les Menzah VI à IX ou encore les Ennasr I et II, au nord du Grand Tunis. Ces extensions urbaines ont été produites par un nouvel acteur public, l’Agence
Foncière d’Habitation (AFH), créée en 1973 dans le cadre de cette politique de l’habitat dont nous avons signalé l’apparition ci-dessus. L’AFH est devenue rapidement le premier acteur foncier public dans les zones urbaines tunisiennes.
Pour cet article, nous avons choisi de faire porter notre analyse des systèmes de relations établis entre acteurs urbains sur le projet «!Ennasr II!». Conçu et produit par l’AFH, Ennasr II permet de décrypter les logiques des politiques publiques, leurs finalités et le rôle essentiel joué par l’Agence Foncière. Mais son intérêt particulier réside dans le calendrier!: lancé en 1977 (phase de planification), conçu en 1986, Ennasr
II est toujours, en 2007, en cours de réalisation. De ce fait, ce projet se trouve à cheval sur deux périodesclés des politiques tunisiennes de l’habitat!: celle, antérieure aux années 1990, caractérisée par la prédominance de l’intervention de l’État et celle, postérieure, durant laquelle un recours accru est fait au secteur privé et pendant laquelle sont