l'étanger incipit
L’objet de notre étude est l’incipit dont le rôle traditionnel est d’informer le lecteur sur le cadre spatio-temporel, l’action et les personnages. Nous verrons en quoi ce début surprenant nous trace le portrait d’un héros énigmatique. Pour cela, nous étudierons d’abord les éléments originaux de l’incipit avant de nous intéresser au personnage lui-même.
• En quoi cet incipit éclaire-t-il le titre de l’œuvre ?
• Comment est construite la personnalité ambigüe de Meursault ?
• En quoi cette plongée de l’intériorité du narrateur est-elle également une plongée dans une nouvelle conception du personnage ?
Développement :
I/Une écriture déroutante :
A- La découverte d’une intériorité :
1- Première personne et temps du récit :
Incipit in medias res (au cœur de l’action) ; caractéristiques du journal intime mais pas d’indices traditionnels : écriture sous forme de notes, date, lieu, ni de logique narrative ; omniprésence du « je » ; marqueurs temporels incohérents. Les temps du discours (présent, passé composé, futur) permettent de voir l’intériorité du personnage, dont le nom est appris par hasard « Mme Meursault » l31. Le lieu de l’action « Alger » est deviné : illusion du réel, et donc du journal intime.
2- Oralité apparente du discours :
Phrases simples et sèche ; texte à peine plus construit que le télégramme ; propositions très classiques ex : l16-17, l27 « Comme il était occupé, j’ai attendu un peu ». Les marques du journal intime impliquent un gage de véracité.
3- Une succession d’actions mécanisées :
Faits racontés de manière épurée -> succession brèves des événements -> malaise qui s’installe. L’absence des termes de liaisons (asyndètes) crée l’illusion d’actions mécanisées ex : l25-26.
B- Une rupture avec les codes traditionnels :
1- Une absence frappante de description :
Beaucoup de personnages mais aucun n’est décrit. La mère, pourtant au centre de la narration, ne fait pas l’objet de description.