L'étranger
"Aujourd’hui maman est morte"; le rideau se lève sur la mort de sa mère. Meursault, notre personnage principal. Pourtant les sentiments de celui-ci ne trahissent ni tristesse ni remords. Tout ce dont il se soucie, c’est de la fatigue que lui cause la chaleur du soleil. C’est d’ailleurs ce qui va surprendre les endeuillés aux funérailles, le fils de la défunte n’y exprime aucun chagrin. Pire encore, le lendemain, il décide d’aller se baigner au port où il rencontre son ancienne dactylo Marie. Ce soir-là, il vont regarder du Fernandel et passent la nuit ensemble. Les jours d’après, il s’ennuie.
Voilà toute la subtilité du roman: un incident fatal accompagné de l’insouciance naturelle de Meursault. Camus nous expose un personnage, une psychologie, un état d’âme qui va sans cesse laisser le lecteur perplexe face à l’ambiguité voulue de l’auteur. Meursault nous livre une perception nouvelle de la société autour de lui; ses comportements -que chaque lecteur interprétera différemment- relèvent de l’absurde. Et c’est ce qui fait toute la puissance de son caractère, nous sommes à chaque instant engouffrés dans un monde où l’on ne reconnaît plus la norme. Chez Meursault, tout est dit de façon crue, abrupte. "Cela m’est égal", "Je ne sais pas", "J’étais fatigué", "Non", sur un ton sûr, indifférent, à la limite du nihilisme passif. Sauf que le naturel de notre personnage lui cause rapidement son malheur, lorsque sa vie bascule après l’appui sur la crosse: un meurtre qu’il commet avec le sang le plus froid au monde. "La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant que tout a commencé."
Meursault se trouve alors entraîné dans l’atmosphère kafkaîenne du tribunal. Il sera victime d’un procès dénonciateur qui, à la place de le juger sur son crime, remet en surface les détails les plus insignifiants de la vie de cet homme sans histoires, et les utilise