L’appauvrissement par la mezzadria (1342-1384)
La mezzadria (ou métayage) se diffuse partout en Europe à partir du Bas Moyen Âge comme rapport productif encadré dans le système féodal. En Italie, il est particulièrement important en Italie du Nord et en Italie centrale dans la seconde moitié du XIVe siècle. Dans ces campagnes, se généralise très précocement ce que l'on appelle le contrat de mezzadria (métayage) ; un contrat qui prévoyait entre les deux contractants le partage des bénéfices issus de la terre par moitié.
Depuis le début du XIIIe siècle dans la péninsule italienne, les communes ont entrepris une conquête impressionnante sur les campagnes environnantes, formant ainsi le contado (un territoire dépendant d'une cité) ; une conquête qui permit d'affirmer leur pouvoir respectif et de tisser avec l'espace rural des liens étroits, politiques ou commerciaux. Grâce à de nombreuses méthodes, ces liens se sont davantage resserrés, au début du XIVe siècle, permettant ainsi à la ville, plus soucieuse du ravitaillement et peuplée de négociants en produits alimentaires, de dominer entièrement l'économie rurale.
Notre travail repose sur deux documents datant du XIVe siècle (le premier en date du 2 septembre 1342, le second du 18 novembre 1384). Ces deux textes sont édités et traduits dans l’ouvrage de l’historien George Duby L’Economie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval (1962), dans lequel il présente ce qu’il appelle « la mutation du XIVe siècle » marquée par la crise, la famine, l’épidémie entraînant une détérioration de la condition des paysans qui ne prendra fin qu’au milieu du XVe siècle. Il s’agit de deux mezzadria définissant la transmission de possession entre deux individus dans la province du Lucques située en Toscane.
La mezzadria est un contrat et un mode d’exploitation agricole unissant un propriétaire et un exploitant. Ce dernier devient mezzadro, souvent à court terme renouvelable, d’une terre et d’un bien (bâtiments, outillage) en échange du versement