L’heptaméron ou la médiation narrative
L’Heptaméron ou la médiation narrative
Résumé
La critique a toujours souligné l’ambivalence de L’Heptaméron. On a opposé d’abord l’inspiration profane et licencieuse aux préoccupations religieuses de Marguerite de Navarre ; on a plus récemment analysé les procédés d’une écriture éclatée, aux voix plurielles et divergentes, révélant des incompatibilités idéologiques. Ou bien, on essaie de trouver un compromis : puisque Marguerite donne des exemples à la méditation personnelle, elle parvient à concilier divertissement mondain et édification morale. Mais trop souvent, cette conciliation laisse l’œuvre dans un statut instable, et la renvoie à son éternelle ambiguïté.
Index
mots-clés : Marguerite de Navarre , narration, spiritualité
chronologique : XVIe siècle
Plan
L’itinéraire de la lecture
L’architecture de la narration
Texte intégral
1La critique a toujours souligné l’ambivalence de L’Heptaméron.1 On a opposé d’abord l’inspiration profane et licencieuse aux préoccupations religieuses de Marguerite de Navarre ; on a plus récemment analysé les procédés d’une écriture éclatée, aux voix plurielles et divergentes, révélant des incompatibilités idéologiques2. Ou bien, on essaie de trouver un compromis : puisque Marguerite donne des exemples à la méditation personnelle, elle parvient à concilier divertissement mondain et édification morale. Mais trop souvent, cette conciliation laisse l’œuvre dans un statut instable, et la renvoie à son éternelle ambiguïté.
2Philippe de Lajarte écrit que : « l’opposition [...] d’une multiplicité d’énoncés doxologiques et de nouvelles- exemples aux visées démonstratives divergentes fait de l’Heptaméron une chose quasi monstrueuse: un recueil d’exempla contradictoires »3. Inversement, Nicole Cazauran remarque qu’en ce qui concerne la conduite des nouvelles, les « invraisemblances » cachent un projet d’ensemble concerté: « Il n’y a pas de hasard dans l’Heptaméron, ou du moins, il n’y en a