Y a-t-il un devoir d'être heureux ?
Comme Pascal le notait dans ses Pensées, « tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient », on retrouve aussi cette idée dans le rêve Américain qui est l'idée selon laquelle n'importe quelle personne vivant aux États-Unis, par son travail, son courage et sa détermination, peut devenir prospère. De plus, et c’est bien connu, dans les rêves de tous les enfants se trouve celui d’être heureux, à travers les rêves d’avoir beaucoup d’argent, un très bon travail, une jolie femme et beaucoup d’enfants. Mais, pour autant, y a-t-il un devoir d’être heureux ? Cette question présente toutes les apparences du paradoxe. Si le bonheur désigne un état de plénitude lié à la satisfaction complète des besoins et des désirs, pourquoi en faire un devoir ? Quel sens y a-t-il à prescrire au moyen d’un commandement moral ce qui constitue la tendance naturelle de tous les hommes ? N’y a-t-il pas contradiction à ériger un fait à la dignité d’un devoir, d’une valeur ? Par ailleurs, le bonheur n’est-il pas l’absence de cette obligation intérieure par laquelle s’exprime le sentiment de devoir ? La maxime subjective du bonheur peut-elle être universalisée ? Le bonheur semble relever de l’intérêt alors que le devoir au contraire s’en détache. Peut-on dépasser cette apparente opposition ?
I. Le bonheur ou la finalité de l’action morale
Pour l’ensemble de la philosophie antique, le bonheur est le Bien suprême parmi tous les biens réalisables. C’est pour parvenir à lui que l’homme doit réaliser l’accomplissement de sa nature qui passe par la pratique de la vertu. D’ailleurs, étymologiquement, le terme vient du latin vir qui signifie homme. On appelle eudémonisme ces doctrines qui refusant de séparer bonheur et vertu font du bonheur le Souverain Bien et de sa recherche la fin de l’action morale. Elles se situent dans une perspective téléologique.
Mais si le