École de la régulation
Michel Husson in J. Bidet et E. Kouvelakis, Dictionnaire Marx contemporain, PUF, 2001 Le livre d’Aglietta, Crises et régulation du capitalisme, date de 1976 et peut être considéré comme l’acte fondateur de la théorie de la régulation. Sa réédition de 1997- et la postface qui l’agrémente - marquent sans doute le point d’arrivée d’une trajectoire qui a emmené cette école assez loin du marxisme dont elle est pourtant en partie issue. Genèse d’une école A sa sortie, l’ouvrage d’Aglietta avait pu susciter une interrogation sur laquelle il convient de revenir aujourd’hui : s’agissait-il d’une reformulation/actualisation du marxisme ou de la mise en place d’une approche théorique complètement renouvelée ? A l’époque, les régulationnistes (à l’exception notable de Boyer) se situent dans le champ du marxisme : Aglietta venait du PCF, Lipietz du maoïsme, Billaudot animait la commission économique du PSU, où militait aussi Bertrand. Les membres fondateurs sont aussi, pour la plupart, polytechniciens et travaillent comme économistes dans les « appareils idéologiques d’Etat » (pour reprendre la catégorie d’Althusser) plutôt qu’à l’Université. Ils sont donc marqués, d’un côté, par une tradition colbertienne ou saint-simonienne et, de l’autre, par une certaine incarnation, bien française elle aussi, du marxisme. Lipietz (1994) n’a pas tort d’en faire les « fils rebelles de Massé et d’Althusser », et leur projet peut s’analyser comme une rupture dialectique à l’égard de cette double filiation. La crise sera l’occasion de cette rupture. Le projet régulationniste est en effet né dans une conjoncture bien précise : sur le plan politique, c’est la période du débat autour du Programme commun, qui devait s’achever avec la rupture de l’Union de la gauche en 1977. Sur le plan économique, la récession généralisée de 1974-75 marque l’entrée « dans la crise ». Par certains côtés, celle-ci vient donner